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REGARD CRITIQUE, VERITE OU UTOPIE 

L’art se rattache à la vie comme valeur sociale et expression identitaire face aux préoccupations majeures, mondiales d’aujourd’hui et de demain. Aujourd’hui, les influences culturelles qui surviennent régulièrement dans la pratique de l’art, nous conduisent à œuvrer sur la scène mondiale conformément à une trajectoire prédéfinie par des paradigmes intégrants les codes occidentaux de l’art.  Cependant, même si l’ouverture à d’autres cultures reste nécessaire à l’Afrique, ne faudrait il pas faire preuve de discernement, d’autant plus que nombre d’emprunts s’opposent à notre éthique. En Afrique, la place et le rôle de l’art dans le développement de l’Afrique ne devrait s’envisager que dans une approche heuristique, holistique, globalisante, capable de reconstruire des structures sociales communautaires, à l’instar de l’« art traditionnel» et/ou « tribal», en tenant compte des valeurs relatives à la modernité.

« Quelle approche? »

  • L’approche foucaldienne en tant que modes de la subjectivité (souci et techniques de soi) et de la gouvernementalité (gouvernement de soi par soi dans son articulation avec les rapports à autrui) est applicable au sujet africain au travers de sa relation avec l’art.
  • Ces approches empiriques et théoriques appellent à une (re)problématisation constante, à une reconsidération incessante de l’art en Afrique, en vue de porter sur lui un jugement de valeur.
  • C’est ainsi qu’ en particulier dans « l’herméneutique du sujet » (Foucault, 2001c), les« techniques de soi» constituent le fil directeur de l’étude. C’est le problème du « qui suis-je ? », et de l’identité personnelle à conquérir .Le souci de soi recouvre, quant à lui, un ensemble de techniques concourant à la transformation du mode d’être du sujet.
  • Dans le contexte de notre étude, la réflexion de Foucault, ouvre l’analyse de la constitution historique du sujet dans un rapport déterminé à la vérité. Soit, il s’agit d’envisager l’homme africain en quête de vérité.

« Qu’est-ce que l’art ? »

  • D’abord, rappelons que la définition de l’art est double. (1) Originairement, le mot « art » ne se distinguait guère de la technique (activité de transformation du donné naturel ; l’art a d’abord désigné le métier, la maîtrise des procédés visant à atteindre une fin).
  • L’art était dans le domaine de l’œuvre : tout ce que fabrique l’homme, tout ce que l’homme ajoute à la nature.
  • En effet, le mot art a une histoire chargée et longue : il vient du latin « ars » qui sert à traduire un mot grec : « techné ». « Techné » veut dire : métier au sens d’habileté, de savoir-faire, de méthode dans l’exercice d’une activité qui produit quelque chose, habileté acquise par apprentissage et qui repose sur des connaissances empiriques. L’art est donc ce qui caractérise une activité qui produit quelque chose qui s’ajoute à la nature, qu’il s’agisse d’un objet fabriqué ou d’une réalité qui n’est pas un objet comme un discours, un diagnostic ou la guérison, un poème, etc.

« art & techné »

  • Dans ce contexte, en Afrique noir, les premiers artistes ne seraient-ils pas :

   – les sculpteurs, qui fabriquent des objets usuels et aussi des objets nécessaires aux cultes ;

    – les forgerons, qui fabriquent l’outillage en fer, couteaux, houe, haches, armement, flèches, lances et poignards, tous ce dont agriculteurs et chasseurs ont besoin ;

    – les griots, qui part leur capacité oratoire rendent compte de faits de mémoire. Aujourd’hui, au nombre de ceux-ci, sculpteurs et forgerons sont relégués au rang d’artisans. 

  • Le mot art a aussi, par extension, une connotation laudative qui loue la dextérité ou l’habileté dans la production de quelque chose. De telle sorte, là où il y a des ratés, il n’y aurait pas d’art ou pas assez.

« arts & beaux-arts »

  • Aujourd’hui, on entend plutôt par « arts » les « beaux-arts », activité libre, détachée de la vie ordinaire, et de ses fins utilitaires. (Création d’objets dotés de qualités esthétiques, destinés à la contemplation, à plaire, à l’expression des sentiments individuels de l’artiste, l’art pour l’art, etc.). 
  • En effet, il est d’usage de les distinguer très nettement ; l’œuvre de l’art produit par l’artisan et l’œuvre d’art produite par l’artiste. La preuve ? On aurait inventé l’expression Beaux-Arts pour différencier l’art de l’artisanat. L’art est de plus en plus en plus perçu comme la production par l’homme d’œuvres, réalisant une conception de la beauté. L’art regroupe l’ensemble des modes d’expression esthétique, dans quelque domaine que ce soit. C’est une activité de création qui vise la recherche du beau. L’art est l’expression matérielle du sensible.

« art  & civilisation »

  • L’art s’est développé dans différentes zones géographiques, dans le monde. Et chaque production possède quelques codes qui rendent compte des faits de vie, des idées d’une civilisation et nous permettent d’identifier un contexte social d’origine, soit africain, européen, asiatique, etc. On entend par « civilisation » l’ensemble de phénomènes sociaux à caractères religieux, moraux, esthétiques, scientifiques, techniques, communs à une société ou à un groupe de sociétés

« art & ARTISANAT, Ressemblance »

  • Dans les deux cas, un apprentissage plus ou moins long est nécessaire, on ne s’improvise pas plus menuisier que peintre de tableau d’art. On ne peut pratiquer l’un ou l’autre sans acquérir et entretenir par le travail des savoir-faire et des connaissances. L’artiste et l’artisan sont tous les deux, des personnes qui disposent de savoir-faire complexes, élaborés et nombreux. Cela signifie qu’il leur faut travailler sans cesse pour entretenir ces savoir-faire.
  • L’art et l’artisanat visent :

    – la production d’une œuvre ou d’un ouvrage du début jusqu’à la fin.

    – cette production est faite selon les règles de l’art, c’est-à-dire selon les méthodes, les procédés en usage, selon des techniques codifiées et selon des connaissances qui ne sont pas pour l’essentiel scientifiques, mais empiriques.

« art & ARTISANAT, Différence »

  • Soit, on valorise l’artisan par rapport à l’artiste, le premier étant utile à quelque chose alors que le second est tenu pour  oisif. Soit au contraire, on valorise l’artiste par rapport à l’artisan parce qu’il a un talent, une originalité que l’autre n’a pas.
  • Comme a soutenu Kant dans la Critique de la faculté de juger, à savoir : « l’artisan travaille tandis que l’artiste ne travaille pas » (1995).
  • L’artisan travaille au sens où pour lui le produit de son travail n’est pas une fin en soi, mais un moyen de subsistance et au sens où ce qu’il produit est une valeur d’usage, c’est-à-dire quelque chose d’utile, quelque chose qui sera consommé ou utilisé par quelqu’un qui en a besoin.

« art LIBERAL OU MERCENAIRE »

  • Selon Kant (1790) dans « la critique de la faculté de juger », l’artiste n’appartient pas à la sphère marchande parce qu’il ne propose aucun bien ni aucun service au sens économique de ces termes. L’activité artistique est libre en cela que les œuvres produites sont déterminées par leur forme mais pas toujours par rapport à une demande sociale.
  • L’art n’est donc pas intéressé. Pour Kant, alors que l’art est dit libéral, effectué pour le plaisir, pour la gloire, pour le faire, l’artisanat est dit mercenaire. Ici donc, mercenaire veut dire pour la rémunération, pour l’argent.

 » art & FONCTIONS »

  • Selon Alain Deschamps (1991) l’art a quatre fonctions majeures. Ce sont les fonctions : esthétique (produire la beauté) ; humaine (expression nécessaire de l’essence de la vie, porter le témoignage du passé.) ; morale (facteur d’amélioration de la conduite humaine) ; ontologique (sublimation des potentialités cachées de chacun par la rencontre du sublime).

« art tribal & fonction esthétique » 

  • L’art tribal serait-il privé de fonction esthétique? Les quatre fonctions citées (esthétique, humaine, morale, ontologique), semblent  ne pas inclure ces artéfacts qui sont aujourd’hui classés dans« l’art traditionnel, tribal ou primitif » et bien connues pour leur fonction (dite utilitaire) , soit de régulation sociale, soit de médiation spirituelle (Robert Thompson, 1997).
  • A tort ou à raison, les soustrayant de toutes fins d’idéalisation morale, esthétique, humaine, ontologique, pour les rabaisser à leurs simples expressions utilitaires. Et pourtant, à juste titre, si ces artéfacts africains jouent les fonctions de régulation sociale qui leur sont reconnues, ne serait-ce pas parce qu’elles sont complètes.
  • L’art quel qu’en soit le contexte prône une approche de l’esthétique qui est concomitante à l’histoire sociale. L’approche négro africaine combine les deux aspects dans la conception artistique : l’esthétique et l’utilité sociale (Check Anta Diop, 1979).
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